La violence des acteurs armés et de la propagande médiatique s’intensifie à l’encontre de notre peuple et contre l’action autonome de notre Garde indigène. Hier l’armé a assassiné de sang froid le villageois Fabian Cuetia à Caldono et notre site web a été bloqué pour éviter que le pays prenne connaissance de la vérité. 

 
De nouveau la voix officielle du régime fait écho aux infamies de la force publique. Ce matin la une de El Espectador disait : « L’armée dit que les indigènes ont commis de nombreux délits dans le Cauca », texte qui ne dit rien de plus que ce que l’on veut laisser croire. « Selon le colonel Piraquive, situé dans le hameau de El Rosario, Siberia, partie de la commune de Caldono, une sentinelle a interpellé Fabian Cuetia, pour éviter une attaque de la colonne mobile Jacobo Arenas, mais apparemment cette personne n’a pas compris et ils ont ouvert le feu causant la mort du paysan. » Ce fait, qui est le véritable crime, passe inaperçu, tandis que la réaction autonome de la communauté exigeant justice contre les assassins, est convertie par l’armée et les médias de masse en séquestration, agression, et terrorisme. 
 
Ils ont procédé de la même façon concernant les actions de retrait pacifique de la force publique, sur la colline El Berlin-Toribio. Les médias de masse ont fait la promotion de la haine et du racisme à l’encontre de notre Garde Indigène en disant que nous sommes des sauvages et des terroristes. L’image du sergent qui pleure, humilié, a ému ceux qui ignorent la réalité, refusant l’autonomie du peuple Nasa. Comment est-ce possible qu’on s’indigne quand nous bousculons et expulsons  l’armée de notre territoire et qu’on ne proteste pas quand ceux-ci assassinent, massacrent, violent et inondent de violence notre pays pour défendre le régime ? Nous, ça fait des siècles que nous pleurons notre douleur et humiliation produite par la cupidité qui se répand sur nos territoires. 
 
A travers les médias de masse ils nous accusent de guérilleros et ils couvrent amplement l’expulsion de la force publique, mais ils diffusent très peu nos actions pour forcer le retrait de la guérilla. S’il vous plaît cherchez l’information, car il y en a suffisamment, car nous avons été cohérents avec nos discours et nous somme en train d’expulser tous les acteurs armés de notre Maison (territoire). Nous sommes en lutte et nous continuerons de démonter les barrages de la guérilla, comme nous l’avons fait la semaine dernière à El Tierrero. 
 
S’il vous plaît, Frères et Sœurs cooptés par la propagande médiatique, ne vous rangez pas du côté des extraits criminels des médias de masse. Visitez notre site web www.nasaacin.org et les autres médias alternatifs pour connaître la réalité. Hier l’ont fait des milliers de personnes, qui sont venues lire, sentir et écouter notre parole. Voir en face la réalité, voir que ce que n’ont pas montré les médias de masse car ils sont au service de la guerre et leurs intérêts est de désinformer. C’est pour cela qu’ils sont allés jusqu’à bloquer et hacker notre page internet , pour que personne ne puisse se prononcer en faveur de la vérité. 
 
Nos actions continuent de montrer au monde que les communautés font leur possible pour sortir l’armée de notre territoire, ainsi que la guérilla des FARC. Hier, à Toribio, par exemple, nous avons détenu plusieurs guérilleros qui tentaient de lancer une bombe. Maintenant ils sont sous la responsabilité des autorités indigènes qui ont une compétence constitutionnelle pour cela. Le gouverneur Marcos Yule a assuré que les guérilleros capturés seront soumis à la justice indigène et que pour l’instant ils vont rester à leur charge. A la question « pourquoi ne pas rendre les quatre hommes aux autorités », le gouverneur Yule a affirmé : « pourquoi s’ils ne sont même pas capables de les capturer ? ». Cette nouvelle action autonome contre la guerre est une preuve de plus de la ferme décision de démilitariser notre territoire de tous les acteurs armés, d’où qu’ils viennent. 
 
Les seigneurs de la guerre ont besoins d’armes pour sentir qu’ils sont des hommes et se faire respecter par la force. Ils font également tout leur possible pour passer sous silence la voix de la vérité et faire disparaître les arguments. Notre garde indigène a gagné en légitimité et respect car elle est empreinte de conscience politique de transformation sociale pour la défense du territoire de manière autonome. Nous n’avons pas besoin de faire taire qui que se soit, seulement de diffuser notre parole de résistance civile pour la défense de la Terre Mère. 
 
Face à notre sollicitude de démilitarisation afin de freiner le conflit armé dans le Cauca, la réponse continue d’être l’intensification de la guerre. Aujourd’hui, l’ordre du gouvernement est de créer « le Commando d’ensemble du Sud-ouest formé de 5 milles hommes de l’Armée, de la Force aérienne et Armée. ». Selon eux ce commando est une mesure de contrôle de la crise de l’ordre publique dans le Cauca, mais la réalité que nous prévoyons est une attaque et l’intensification de la guerre contre notre peuple. D’autre part, la guérilla des FARC augmente aussi ses troupes sur notre territoire. Depuis plus d’une semaine ont commencé à arriver de plus en plus de guérilleros, même dans les zones où ils n’avaient jamais été. Selon la communauté, qui les a vu dans les montagnes, ils n’utilisent même pas les brassards et les bottes de caoutchouc qui les distinguent comme guérilleros. Ils commencent à intensifier les barrages dans la zone en essayant de contrôler les entrées et sorties des voitures à Toribio. 
 
« Je ne veux pas voir un seul indigène dans les bases militaires. C’est l’ordre depuis hier soir » a exprimé Santos depuis son compte de twitter. Nous, nous lui disons que nous ne voulons plus voir une seule multinationale sur notre territoire ni aucun acteur armé. La guérilla et les miliciens des FARC disent qu’ils défendent le peuple. Et avec leurs actions violentes ils ne servent pas de prétexte  au régime pour massacrer le peuple ? D’eux aussi nous exigeons qu’ils respectent notre autonomie et nous laisse exercer le contrôle territorial dans notre Maison. Qu’ils ne recrutent plus nos enfants et nos jeunes pour la guerre. Qu’ils arrêtent de nous tromper et de profiter des innocents. Les policiers et les soldats se justifient en disant qu’ils sont des héros et qu’ils défendent la patrie. Parce ce qu’ils savent peut-être qui est la patrie et de qui ils défendent les intérêts avec leurs vies ? 
 
Le compagnon indigène Hugo Blanco, militant historique du Pérou, a écrit une lettre aux soldats qui ont été envoyés à Cajamarca pour réprimer le peuple qui lutte contre une multinationale minière à Celendin, où il explique ce qu’est la patrie. Nous assumons le sens de ce message du Pérou et nous nous l’approprions comme notre propre parole et nous disons aux groupes armés : 
 
Frère policier, frère soldat, frère guérillero : 
 
La Patrie « ce sont les vertes vallées de Cajamarca, les montagnes de Colombie, les nevadas du Wallmapu.. Notre Mama Kiwe (Terre Mère), ce sont les paysans, les indigènes, les noirs, les métisses nés sur nos terres fertiles et qui travaillent sur elle, ce sont les vertes plantes sauvages et cultivées, ce sont les animaux sauvages et domestiques qui vivent de la nutritive végétation. La Patrie ce sont aussi les enfants qui nécessitent boire une eau propre, non polluée. 
La patrie ce sont les magnifiques lacs qui dorment sur les cimes de nos montagnes. La Patrie ce sont les plans d’eau et les marais qui alimentent par voies souterraines les jolis ruisseaux qui jaillissent à différentes altitudes offrant leur eaux aux enfants, aux femmes et aux hommes des riches vallées. La Patrie ce sont les rivières limpides qui se nourrissent de l’eau propre offerte, par voie souterraine, par les plans d’eau et les marais déjà mentionnés, sur les sommets. La Patrie ce sont les poissons qui vivent dans ces rivières. »
 
Nous vous invitons à vous défaire de la violence et à marcher avec le peuple colombien pour défendre notre patrie du modèle économique d’agression globale qui utilise la guerre pour nous exproprier et nous utilise à nous tous pour que nous nous autodétruisons. 
 
Nous appelons à résister en tant que civils et à lutter pour une patrie qui est en train d’être détruite par l’ambition et la cupidité de quelques uns qui ne savent qu’accumuler du capital. Nous vous invitons à vous unir à la résistance de notre peuple Nasa qui lutte et se soulève dignement. 
 
Nous convoquons tous les colombiens, les étudiants, les professeurs, les syndicalistes, les organisations sociales et les processus populaires du pays et du monde, à raviver leurs luttes avec la nôtre, en parole et en action. Souvenez-vous que les actions de notre communautés ne sont pas que pour nous, la lutte pour une vie digne et le respect de la Terre Mère profite à toute la Colombie. Nous convoquons vos voix, vos pas, votre créativité infinie, afin de, non seulement diffuser et partager nos initiatives, mais aussi réaliser des actions dans les universités, dans les rues des villes et des villages de tout le pays, pour déployer toute votre capacité et votre volonté pour répercuter cette lutte qui n’est pas seulement pour le Cauca mais pour toutes et tous. 
 
Tissu de communication de l’Association de Cabildos Indigènes du Nort du Cauca – ACIN
Traducción por Camille Apostolo