Partimos desde Florida, Valle del Cauca, rumbo a la vereda Las Guacas, dejando atrás los grandes cultivos de caña de azúcar, divisando a lo lejos la cordillera en la cual debíamos adentrarnos. “El clima ha cambiado mucho, las quebradas bajan con poca agua y en invierno arrasan con todo”, nos decía el conductor del viejo camión, donde además del equipo de sonido viajaban algunos participantes de la asamblea. Lo del clima se ve reflejado en la corriente del río Fraile que es utilizado por los ingenios azucareros del Valle del Cauca, sobre todo por el ingenio María Luisa, para su actividad productiva.

 

Pero en medio del diálogo se dijo que no solo es el clima, la deforestación o las quemas, sino que algunos páramos son utilizados como potreros o por grupos armados de diferentes bandos, que restringen la libre movilidad, causan daños al ecosistema y vulneran la casa de los espíritus.

Hoy, en esos lugares sagrados donde la estrella y la laguna se juntaron para dar origen a los indígenas Nasa, se adelantan proyectos de explotación de minerales y la construcción de vías, como ocurre en el páramo de las Tinajas dentro de este municipio.

A cambio de una vía que comunicará al Valle con el Tolima se dejará de lado la belleza, la brisa fría y los espejos de las lagunas de la Esperanza, la Caridad, el Sol, el Oso y la Fe, donde se puede tomar agua limpia y clara sin necesidad de pagarla. Obras que no son más que pactos entre hijos traviesos sin considerar la salud de la madre. Este tema se abordó durante dos días de asamblea comunitaria.

Con el cansancio y las ganas de llegar debido al zangoloteo, como diría un abuelo, se comienzan a divisar las primeras casas de esta comunidad asentada en la Cordillera Central. Casi dos horas de viaje por una vía destapada y olvidada, con varios derrumbes y pantanos… Con decirles que hasta las cabras pasan apuros.

Como es domingo en la tarde podemos ver personas sentadas en troncos o banquitos hablando cálidamente, tomándose un cafecito; matándose los mosquitos que salen del cafetal, donde también sobresalen las matas de plátano, yuca, maíz, etc., productos que no faltaron en los fondos y pailones donde se preparó la alimentación para más de setecientas personas que se reunieron durante el 8 y 9 de Marzo en las Guacas.

Por varias personas con las que hablamos y compartimos no sólo un plato de sancocho, pudimos conocer que la presencia de la guerrilla y los militares es una constante en este municipio, al igual que ocurre en el departamento del Cauca. Conocimos que se han incrementado las confrontaciones, que no respetan ni las viviendas, ni las escuelas, que hay minas antipersonales cerca de sitos, poblados y caminos.

Pero según algunos asistentes otros hombres armados y encapuchados están recorriendo los caminos que, se sabe a voces, son paramilitares. Grupos que ahora son llamados Bacrim (Bandas criminales) como una forma de querer tapar el sol con un dedo.

“Para los indígenas, el territorio no es sólo la tierra. Los árboles, el aire flores, las piedras, el agua, y hasta nosotros somos parte del territorio y no sus dueños. Es la madre tierra la que nos da de comer y allí están los restos de nuestros mayores” dijo un comunero de la vereda los Caleños, “Por eso hay que seguir enseñando a nuestros hijos a agradecerle, que no usen químicos, que cuiden los ojos de agua, que no siembren coca” agregó otro de la vereda Las Brisas.

Esta asamblea, hace parte de una serie de encuentros que buscan acercar, informar, concienciar, conocerse y solidarizarse con las comunidades vecinas y con Mama Kiwe (Madre Tierra) para que lo que guarda en sus entrañas no sea extraído a costa de daño y destrucción y para que la gente siga viviendo en el lugar en el que su vida encuentra sentido.

A pesar de los problemas las voces de los mayores animan a sembrar y a cuidar la tierra y a respetar la casa de los espíritus en los páramos. Las sonrisas maliciosas de los jóvenes en medio de la música y las sayas, el correteo de niños y niñas… dan cuenta de que la vida se sigue tejiendo, por eso es urgente continuar defendiéndola.

La próxima asamblea se programó para el 11 y 12 de abril en la comunidad Los Caleños. Se ha programado además una audiencia pública donde no solo estén las comunidades de Florida porque ellas no son las únicas que están viviendo el plan de muerte. Es urgente que se haga visible la solidaridad no únicamente entre los cabildos de Florida y del Tolima, hay que sumarse desde el Cauca, desde el Huila, Nariño o Casanare, como también los pueblos campesinos, afros y urbanos.

Trepados en estas alturas, desde donde la Tierra se ve redonda, sentimos el dolor de esta comunidad porque ya casi son arrancados de su tierra para, con su sangre, abrir paso al “desarrollo”. Por eso urge la solidaridad, no como una promesa, sino como posición y vía de hecho.

Tejido de comunicacion de la ACIN

 


 

Défendre la vie depuis notre territoire

Traducido al francés por Camille Apostolo

Nous sommes partis de Florida, Vallée du Cauca, en direction du hameau de Las Guacas, en laissant derrière nous les grandes cultures de canne à sucre, nous distinguions au loin la cordillère dans laquelle nous devions pénétrer. « Le climat a beaucoup changé, les torrents arrivent presque sans eau et en hiver ils arrachent tout sur leur passage », nous dit le conducteur du vieux camion, où, en plus de l’équipe de son, voyageaient quelques participants à l’Assemblée. Le problème du climat se reflète dans le courant de la rivière Fraile qui est utilisée par les ingénieurs du sucre de la Vallée du Cauca, surtout par l’entreprise Maria Luisa, pour son activité productive.

Mais, tout en dialoguant, il s’est dit que ce n’était pas juste le climat, la déforestation ou les brûlages des champs, mais aussi le fait que certains espaces naturels soient utilisées comme herbage ou par des groupes armés de différents camps, qui restreignent la libre mobilité, causant des dommages à l’écosystème et rendent vulnérable la maison des esprits.

Aujourd’hui, dans ces lieux sacrés où l’étoile et la lagune se sont joints pour donner vie aux indigènes Nasa, se développent les projets d’exploitation des minéraux et la construction de routes, comme on peut le voir dans la forêt de Las Tinajas, dans cette même commune.
Pour une route qui reliera la Vallée avec Tolima, on va laisser en chemin la beauté, la brise fraîche et les miroirs des lagunes de La Esperanza, la Caridad, El Sol, El Oso et La Fe, où il est possible de boire un eau pure et claire sans payer. Des œuvres que ne sont pas plus que des pactes entre enfants espiègles sans considération aucune pour la santé de la mère. C’est ce thème qui a été abordé durant les deux jours d’assemblée communautaire.

Avec fatigue et l’envie d’arriver, dues à l’agitation, comme dirait un certain grand-père, on commençait à deviner les premières maisons de cette communauté assise sur la Cordillère Centrale. Presque deux heures de voyage sur une route pleines de trous, oubliée, traversée par de nombreux glissements de terrain et des torrents de boue… où même les chèvres passent de mauvais quarts d’heure. 

Comme c’est dimanche après-midi nous pouvons voir des personnes assises sur des troncs d’arbres ou de petits bancs, qui parlent chaudement, en buvant le café ; tout en écrasant les moustiques qui sortent des champs de café, desquels dépassent les touffes de bananiers, de yuca, de maïs, etc.., produits qui ne manqueront pas dans les fonds de casseroles et les poêles où s’est préparé le repas pour plus de 700 personnes qui se sont réunies le 8 et 9 mars à Las Guacas. 

Par de nombreuses personnes avec lesquelles nous avons parlé et partagé pas seulement une assiette de sancocho, nous avons pu savoir que la guérilla et les militaires est une constante dans cette commune, comme dans l’ensemble du département du Cauca. Nous avons pris connaissance que les confrontations sont en augmentation, et ne respectent ni les maisons, ni les écoles, qu’il y a des mines anti-personnelles près des lieux de vie, des villages et des chemins.

Mais selon quelques personnes présentes, d’autres hommes armés et encagoulés passent sur les chemins et sont, selon les rumeurs, des paramilitaires. Des groupes qui sont maintenant appelés Bacrim (Bandes criminelles), pour cacher une réalité trop évidente.

« Pour les indigènes, le territoire n’est pas seulement la terre. Les arbres, l’air, les fleurs, les pierres, l’eau et jusqu’à nous-mêmes sommes partie du territoire et de ses maîtres. C’est la Terre mère qui nous donne à manger et là sont les restes de nos ancêtres » dit un communard du secteur de Los Caleños, « C’est pour ça qu’il faut continuer à enseigner à nos enfants à la remercier, à ne pas user de produits chimiques, à protéger les puits, à ne pas vendre de coca » ajoute un autre du secteur de Las Brisas.
Cette Assemblée, entre dans le cadre d’une série de rencontres qui cherchent à rapprocher, informer, conscientiser, connaître et se solidariser avec les communautés voisines et avec la Mama Kiwe (Terre Mère) pour que ce qu’elle garde dans ses entrailles ne soit pas extrait à grands coups de douleur et de destruction, et pour que les gens continuent à vivre là où leur vie trouve un sens.

Malgré les problèmes, les voix des ancêtres encouragent à cultiver et à protéger la terre et à respecter la maison des esprits dans les lieux sacrés. Les sourires malicieux des jeunes au milieu de la musique et des jupes, les enfants qui courent dans tous les sens… rendent compte que la vie continue à être tissée, et pour cela il est urgent de continuer à la défendre.

La prochaine assemblée s’est programmée pour le 11 et le 12 avril dans les communautés de Los Caleños. De plus, il s’est programmé une audience publique où ne seront pas seulement présentes les communautés de Florida, parce que celles-ci ne sont pas les seules qui vivent le « plan de mort ». Il est urgent de rendre visible la solidarité, pas uniquement entre Cabildos de Florida et de Tolima, mais en s’unissant avec le Cauca, avec Huila, Nariño ou Casanare, ainsi qu’avec les peuples paysans, afros et urbains.

Perchés dans ces auteurs, où la Terre se voit ronde, nous sentons la douleur de cette communauté parce qu’elles sont pratiquement arrachées de leur terre pour, avec leur sang, ouvrir le passage au « développement ». La solidarité urge, pas comme une promesse, mais comme une position et une voie de fait.

Tejido de comunicacion de la ACIN